Tuesday, October 18, 2005

Snobs in China (from SInosplice)

FROM SINOSPLICE.COM:
"When I lived in Hangzhou, the “snobs” were the foreigners that lived in Shanghai and thought it was so great.

After I moved to Shanghai, the “snobs” became the foreigners in Shanghai that didn’t learn any Chinese and spent all their time and money in Western over-priced restuarants and bars.

Carl helped me realize how “snobby” I can be, towards foreigners that spend a lot of time in the bar scene (some actually are cool). They’re not all assholes.

There are so many kinds of snobs, really. (Maybe it cheapens the term to apply it so liberally, but who cares?) When I still lived in the US the ones that annoyed me the most were the music snobs. Here in China (and especially in Shanghai), there are so many other kinds of snobs to be found in the expat community…

  • There are the “Real China snobs”. Their experience in China is the real one, in some part of China that the snob deems respectably “rough.” This type of snob holds nothing but contempt for the expats in Shanghai. The funny thing, is, you can find this type of snob in Hangzhou. (Life in Hangzhou is anything but “roughing it.”)
  • There are the “Chinese study snobs”. They’re usually bookish and don’t openly show contempt. But they might mention that they don’t hang out with foreigners.
  • There are the “I speak Chinese snobs”. They speak at least basic Chinese, and unlike the “Chinese study” snobs they do hang out with foreigners, mostly because they’re always trying to impress them with their Chinese skills. Their snobbery is only half-hearted, because they love to be needed by those without the Chinese skills. They limit their contempt for the Chinese-unequipped to occasional snide remarks.
  • There are the “I am so 老百姓 snobs”. These are the opposite of the traditional snobs. They arrive in China and move right into the slums to live with their Chinese “brethren.” They get 5 rmb haircuts and eat 5-10 rmb meals, exclusively Chinese. They usually don’t show a lot of contempt for those who want normal conveniences, but neither do they recognize the absurdity of their own actions. This kind of snob is specific to big cities, but is otherwise basically the same as the “Real China” snob.

I am guessing that some of my readers find me writing about this ironic, as on more than one occasion I have been accused of being one of these types. So here’s where I’ll get honest.

I was certainly never hardcore about it, but I did feel the “Real China snob” in me resisting the move to Shanghai. I lived out my “Real China” snob fantasies in my first year in Hangzhou and when I traveled in my first 2-3 years in China.

I was sort of a “Chinese study snob” my first year in China, but that was mostly because I was poor and didn’t really know any other foreigners. I’ll admit that I am still somewhat bewildered (frustrated? shamed? saddened?) by foreigners who live in Shanghai long-term and don’t make a real effort to learn the language. I’m not sure if that makes me a snob.

Despite the occasional accusation, I don’t think I am a “I speak Chinese snob,” although certain friends of mine might say I have definitely exhibited symptoms. (It was tough love, I swear!) But yes, I speak Chinese, and not badly. If you want to label me a snob for that, have fun.

I am not a “I am so 老百姓 snob,” but I think I know a few people who exhibit symptoms.

So… how many kinds of snobs did I miss? What kind of snob are you?"

Friday, October 14, 2005

Avoir vingt ans et chercher son destin dans les astres

Courrier international - n° 780 - 13 oct. 2005
Asie
CHINE - Avoir vingt ans et chercher son destin dans les astres
Dans les métropoles chinoises en plein boom, il est très tendance de se tourner vers la divination, de préférence occidentale. Les jeunes consultent leur horoscope sur le Net.


Ceux que l’on appelle les “djinns des villes” vivent en milieu urbain, pour des raisons professionnelles ou pour suivre des études universitaires, et se situent en majorité dans la tranche d’âge des 18–30 ans. Ils ont reçu une éducation athée conforme à l’orthodoxie, mais s’intéressent malgré tout beaucoup à des pratiques divinatoires ésotériques comme les prédictions à partir du signe zodiacal, du groupe sanguin, des cartes de tarot ou du “spiritisme au pinceau”. Ils savent très bien ce que recouvre le terme de “superstition” et ne veulent surtout pas tomber dedans. Leur manière d’être est celle de jeunes citadins à la page.
Aucun rapport, donc, avec les devins traditionnels, diseurs de bonne fortune brandissant la menace d’esprits diaboliques. Ces jeunes djinns des villes jouent un rôle de premier plan comme introducteurs de nouvelles modes culturelles en milieu urbain.
Qiao Min est tout juste diplômée de l’Université chinoise du peuple, où elle a obtenu une maîtrise en juillet dernier. Aujourd’hui, elle dispose d’un poste stable, mais, il y a six mois, elle passait ses journées à se tourmenter à ce sujet. “Comme je voulais un emploi à la fois bien rémunéré et qui me permettrait d’obtenir un permis de résidence définitif à Pékin, j’ai mis du temps à trouver un travail”, explique-t-elle.
C’est ainsi que Qiao Min s’est rendue le 30 avril au Wofo Si [temple du Bouddha couché], situé à l’intérieur du jardin botanique des Collines parfumées, dans l’ouest de Pékin, avec une camarade de chambre également angoissée par la recherche d’un emploi. “La prononciation du terme wofo faisant penser à celle du mot anglais offer [offre], on raconte que faire un vœu devant ce Bouddha est particulièrement efficace pour trouver un travail”, dit Qiao Min en ajoutant que de nombreuses camarades de sa promotion s’y étaient déjà rendues.
Arrivées au jardin botanique, son amie et elle n’étaient pas allées directement au temple du Bouddha couché, mais avaient d’abord déambulé un bon moment dans le parc, où elles avaient même acheté deux poupées de paille. “En fait, avec le recul, je me rends compte que notre but principal était de nous détendre, car nous étions vraiment épuisées par la recherche d’un emploi, qui occupait toutes nos journées.” Après s’être bien amusées dans le parc, elles s’étaient enfin rendues au temple. Sur une tablette de vœux, Qiao Min avait écrit : “Je voudrais trouver un travail satisfaisant”, puis, le cœur léger, elle avait regagné ses pénates. Qiao Min affirme avoir agi ainsi sans vraiment croire que son vœu serait exaucé. “Bien sûr, si cela marchait, c’était tant mieux !”
“En fait, la plupart du temps, les jeunes ne prennent pas vraiment au sérieux ce genre de pratique, qu’ils considèrent surtout comme un jeu et une façon de se divertir”, dit Sun Shijin, directeur du Centre de recherches en psychologie de l’université Fudan, à Shanghai, “La divination est une tendance de la culture urbaine. Tout le monde y goûte et, si vous n’essayez pas vous-même, vous risquez de passer pour un attardé !” ajoute Zhang Jijiao, de l’Académie des sciences sociales de Chine.

Rapidité et simplicité de l’horoscope occidental

Les sites astrologiques des principaux portails chinois enregistreraient en moyenne plus de 1 million de visiteurs par jour. Le responsable de la rubrique Horoscope chez Sohu, Li Yan, nous a indiqué que les internautes préféraient les pages faisant appel aux signes du zodiaque, aux tarots ou encore aux tests psychologiques. Ils sont moins nombreux à s’intéresser à l’astrologie chinoise traditionnelle ziwei, aux interprétations de rêves et aux modes traditionnels chinois de lecture du destin (à partir des patronymes, des huit caractères [indiquant l’année, le mois, le jour et l’heure de la naissance], de la physionomie, des lignes de la main ou du feng shui). “En effet, comparativement, l’interprétation des signes du zodiaque et des tests psychologiques est assez simple, contrairement aux formes de voyance chinoises traditionnelles et à l’astrologie ziwei, qui nécessitent de clarifier au préalable un certain nombre de points et de consulter de nombreux documents plutôt abscons”, explique Li Yan. Selon lui, en général, les personnes qui consultent leur horoscope sur Internet ne le prennent pas très au sérieux.
Le Pr Sun Shijin analyse le phénomène ainsi : la vie moderne provoque beaucoup de stress, et les gens doivent trouver des façons de l’évacuer. Dans le même esprit, des fêtes occidentales comme la Saint-Valentin et Noël ont été adoptées en Chine. L’engouement des jeunes pour la divination relève de la même démarche : jugeant les pratiques divinatoires chinoises peu amusantes, ils ont assimilé des formes de divination très répandues à l’étranger.
Dans le champ d’étude du Pr Sun Shijin, deux groupes manifestent un intérêt particulièrement vif pour les pratiques divinatoires : les étudiants d’université et les cols blancs. Ces deux groupes ont pour point commun d’être désemparés face aux choix à faire dans un proche avenir. “Les cols blancs subissent de très fortes pressions dans leur milieu professionnel. Il leur est impossible de prendre des décisions à la légère, par exemple quand ils veulent changer d’entreprise. Ils espèrent donc obtenir ainsi de l’aide pour faire le bon choix.”

Amour, destin et carrière professionnelle

Les jeunes entre 18 et 30 ans constituent la tranche d’âge qui doit compter avec le plus de variables sur le plan social. De la fin de leurs études secondaires à l’achat d’un logement, à leur mariage et à la naissance de leur enfant, ils auront de nombreux choix capitaux à faire : celui de leur spécialité universitaire, puis de leur métier, de leur entreprise et de leur compagnon de vie. Ils sont donc soumis à d’importantes pressions. Selon le site Sohu, parmi les internautes consultant leur horoscope en ligne, 95 % ont entre 18 et 35 ans, et il y a deux fois plus de femmes que d’hommes. Quant à leurs sujets de préoccupation, il s’agit par ordre d’importance de questions d’amour, de traits de caractère, d’interrogation sur leur destin, leur carrière professionnelle, leurs études, leurs chances de faire fortune, leur santé.
Selon Guo Zhengyi, de l’Institut chinois de vulgarisation scientifique, un sondage national sur les mentalités en Chine a été effectué au début des années 1990. Or, dès cette époque, les résultats obtenus l’avaient étonné : en effet, on trouvait moins de personnes croyant à la divination parmi les plus de 50 ans que parmi les moins de 30 ans. De plus, des grandes agglomérations comme Pékin et Shanghai apparaissaient aux premiers rangs. “Qu’ils y croient ou non, c’est une manière de chercher à se connaître soi-même, analyse Zhang Jijiao. Lorsqu’ils se seront fixés dans la vie, leur goût pour la divination faiblira.”
He Xiaopeng et Zhang Naiyuan
Zhongguo Xinwen Zhoukan (China Newsweek)

L'enfant unique chinois devient-il un étudiant suicidaire ?

L'enfant unique chinois devient-il un étudiant suicidaire ?
LE MONDE | 14.10.05 | 13h26 • Mis à jour le 14.10.05 | 16h40
Pékin de notre correspondant


Le monde universitaire chinois s'alarme : depuis le début de l'année, plus de quinze jeunes se sont suicidés dans les grandes universités de Pékin. L'université pékinoise Beida propose désormais à ses étudiants de pouvoir consulter gratuitement l'un des six "psy" mis à leur disposition depuis la rentrée.



Zhao, un étudiant de la faculté Qinghua, l'une des plus prestigieuses de la capitale, a des mots cyniques en désignant l'un des bâtiments du campus : "Ici, c'est la maison des suicidés. Voyez ces fenêtres : à gauche, on saute pour cause de chagrin d'amour ; à droite, pour d'autres raisons. Reste aux passants à chercher les traces de sang..."

Dérives "à la japonaise" d'étudiants craquant sous le poids de trop fortes pressions ? Ce n'est que l'une des explications avancées. Selon un rapport de l'unité de recherche psychiatrique qui travaille sur la santé mentale des étudiants pékinois, plus de 60 % de ces derniers souffriraient de problèmes psychologiques de "niveaux variés", et cette proportion "ne cesse de s'accroître".

Les causes ? Yumeng ("la mélancolie") est invoquée par certains experts, qui avancent quelques explications sur les raisons premières de ce haut mal de l'âme : "L'enfant unique !" La dure politique du planning familial imposée par les autorités depuis la fin des années 1970 afin d'éviter le cauchemar d'une explosion démographique aurait rendu les jeunes "égocentriques" durant leur prime jeunesse, puis obsédés par "l'idée de se libérer de leurs parents" alors qu'ils sont mal préparés à rentrer dans la vie adulte.

Un professeur de psychologie pékinois, Hou Yubo, affirme au Monde que "la concurrence au niveau des études et la disparité croissante de revenus entre étudiants issus de familles aux origines sociales variées frustrent les uns par rapport à l'opulence des autres". Lui aussi met l'accent sur les conséquences de l'enfant roi : "Les Chinois pouvaient autrefois se replier sur des valeurs familiales et vivaient en groupe. L'individualisation croissante de la société déstabilise d'un coup ces enfants seuls, mis en situation de compétition à l'université après avoir été adulés par leurs parents."

Partout des adolescents mettent fin à leurs jours sur la planète. Mais ici, parce que c'est un phénomène relativement nouveau, on en vient à décrire cette tendance comme un revers de la médaille du "miracle" chinois.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 15.10.05